Covid-19, les conseils du Pr. Philippe Fossati Psychiatre et Chef d’équipe à l’Institut

Recherche Mis en ligne le 1 avril 2020
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Recommandations du  Pr Philippe Fossati, chef du département de Psychiatrie Adulte de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau 

Surtout pas de désynchronisation des rythmes biologiques en cette période de confinement !

Rassurez-vous ! Tout va bien se passer. Vous allez être capables de faire face à la situation actuelle.

Mes conseils en tant que Psychiatre :

C’est d’abord et avant tout de maintenir une activité régulière en termes de rythme de sommeil, se lever régulièrement, travailler à des heures régulières en cas de télétravail, essayer d’avoir une activité physique régulière, essayer de respecter les heures habituelles des repas et pensez à diversifier votre alimentation.

Le risque est de tourner vers une alimentation plus calorique. Donc attention Il faut éviter de prendre des boissons alcoolisées.

Les « apéros virtuels » c’est bien, mais pas trop ! Il faut également absolument maintenir les contacts avec vos proches.

Quelles types de tensions ou réactions peut provoquer le confinement chez certaines personnes et conséquences à court et moyen terme ? 

Risques à court terme : 

Essentiellement de la peur d’autant que ce confinement est conditionné par quelque chose que l’on peut « attraper » ce qui entraine des craintes de contracter la maladie, des peurs aussi pour son entourage. Un sentiment également de frustration, d’irritabilité, de culpabilité de ne pas participer à l’activité collective quand on voudrait aider. 

Risques à moyens termes : 

Certaines personnes peuvent présenter à distance des manifestations anxieuses persistantes, des symptômes dépressifs. On peut également observer lors de la levée du confinement des difficultés à gérer les « distancessociales ». Nous risquons également d’observer une recrudescence de manifestations traumatiques, voire d’authentiques états de stress post-traumatiques avec des réminiscences, des cauchemars centrés sur l’expérience de quarantaine.

De nombreux facteurs peuvent modérer cette expérience. Il y a bien sûr la variabilité inter- individuelle, les problèmes médicaux ou le fait d’avoir des antécédents de troubles psychiatriques.

Des travaux montrent également que les informations et les explications données lors de la période de quarantaine sont capitales : les mauvaises explications ou explications floues peuvent exposer les gens à un plus grand stress à distance. 

Un dispositif médical mis en place face à l’état d’urgence  

Au niveau national une cellule d’écoute psychologique a été mise en place. Elle comprend un numéro vert écoute, une première ligne avec la croix rouge et une seconde ligne avec les CUMP (Cellule Urgence Médico-Psychologique).

Et après ?

Mai et juin, après la vague du « virus », nous risquons de voir réellement la vague de l’impact médico-psychologique de cette situation, de ce confinement, de cette exposition au virus.

Nos médecins font partie du réseau national de l’urgence médico-psychologique regroupant les professionnels des CUMP

Cliquez ici pour lire la présentation et la procédure du dispositif national de soutien médico-psychologique dans le cadre de l’épidémie du CORONAVIRUS (COVID-19).