Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer grâce à une prise de sang ?

Recherche Mis en ligne le 23 décembre 2015
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L’identification de marqueurs sanguins pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer à un stade précoce et prévoir son évolution est un enjeu majeur. Une étude de l’équipe de Marie-Claude Potier montre pour la première fois que les cellules sanguines de patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent des altérations morphologiques spécifiques. Cette découverte soulève l’espoir de pouvoir diagnostiquer la maladie grâce à une simple prise de sang.

Aujourd’hui le diagnostic de maladie d’Alzheimer se fait grâce à un examen clinique associé à la visualisation des lésions dans le cerveau par IRM ou Tomographie à émission de positon et au dosage de certaines protéines dans le liquide céphalo-rachidien après une ponction lombaire. Cette approche permet d’établir un diagnostic à un stade où le déficit cognitif est léger mais est invasive et coûteuse.

 


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Réaliser ce diagnostic grâce à une simple prise de sang est un challenge majeur pour les chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM. Pour cela, il est nécessaire d’identifier des marqueurs sanguins qui sont modifiés de façon précoce dans le sang des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. D’autres études mettent en évidence le potentiel prédictif d’un biomarqueur sanguin dans la maladie d’Alzheimer.

Des données neuropathologiques et cliniques ont montré que les neurones des patients contenaient des endosomes hypertrophiés. Les endosomes sont des compartiments cellulaires dont le rôle est d’assurer le trafic des protéines de la membrane vers l’intérieur de la cellule. De façon intéressante, l’augmentation du volume des endosomes a lieu avant l’apparition des symptômes. Ces endosomes jouent un rôle dans la production anormale des peptides Aβ dont l’accumulation est caractéristique de la maladie d’Alzheimer.

L’équipe de Marie-Claude Potier a voulu vérifier si les cellules du sang présentaient également une hypertrophie des endosomes. Dans une étude menée en collaboration avec les Professeurs Sarazin et Dubois à l’Hôpital de la Salpêtrière et à l’hôpital Sainte-Anne chez 71 patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, aux stades de troubles cognitifs légers ou démentiels, elle a observé des altérations morphologiques du compartiment endosomal des cellules sanguines. Ces modifications sont corrélées à la présence de plaques amyloïdes dans le cerveau. Cependant, aucun peptide Aβ n’est détecté au niveau des cellules sanguines.

La raison de l’augmentation du volume des endosomes des cellules du sang reste inexpliquée mais pourrait être liée à une inflammation générale causée par la maladie. Plusieurs études récentes confirment que la présence de plaques amyloïdes ou de la protéine bêta-amyloïde permettrait de diagnostiquer les personnes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, voire de prédire les patients qui développeront la maladie.

Pour la première fois, cette étude démontre une corrélation entre des altérations spécifiques des cellules sanguines et la présence de plaques amyloïdes dans le cerveau des patients. L’équipe de Marie-Claude Potier cherche désormais à déterminer l’évolution de ces altérations au cours de la maladie et à évaluer leur pertinence en tant qu’outils diagnostiques pour la maladie d’Alzheimer.

Cette découverte soulève un formidable espoir pour repérer la maladie à un stade précoce grâce à une simple prise de sang, afin de ralentir sa progression avant même l’apparition des symptômes cliniques invalidants.

Référence : Modifications of the endosomal compartment in peripheral blood mononuclear cells and fibroblasts from Alzheimer’s disease patients.