La sclérose en plaques

Recherche Mis en ligne le 29 mai 2019
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A l’occasion de la journée mondiale de la sclérose en plaques (SEP), axée cette année sur les symptômes invisibles de cette maladie neurologique (#MyInvisibleMS), l’Institut du Cerveau – ICM vous informe pour en comprendre les causes et les mécanismes et sur les avancées de la recherche.

La SEP est la 2ième cause nationale de handicap acquis chez l’adulte jeune après les traumatismes. Elle touche aujourd’hui 100.000 personnes en France avec 3000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Cette maladie constitue un enjeu majeur de santé publique car elle affecte une population active, en phase de construction de projet de vie avec un âge moyen d’apparition de 30 ans.

COMPRENDRE

Les causes :

Elles sont encore aujourd’hui inconnues bien que la recherche ait permis de conclure que cette maladie se développe chez des personnes génétiquement prédisposées après exposition à un ou plusieurs facteurs environnementaux. La SEP n’est pas héréditaire, elle ne se transmet pas. Cependant, plusieurs variants génétiques, qui augmentent d’environ 5% le risque de développer la maladie, ont été identifiés dans des familles.

Les mécanismes :

La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire du système nerveux central qui atteint le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques, et dont les symptômes résultent d’une diminution, voire une disparition de communication entre certaines régions cérébrales et médullaires et les organes périphériques.

  • Le système nerveux

Par l’intermédiaire de millions de récepteurs, le système nerveux reçoit de l’information sensorielle (de la peau, des muscles, des organes des sens), via les neurones sensitifs, sur les changements (stimuli) provenant du milieu interne (le corps) ou du milieu extérieur (l’environnement).

Le système nerveux central (cerveau et moelle épinière) intègre (traite, analyse et interprète) les informations qu’il reçoit : il perçoit la nature de l’information (provenance, intensité) la compare à des valeurs de référence et décide d’une réponse appropriée.

Le système nerveux central réagit à l’intégration en ordonnant une activité motrice (commande), via les neurones moteurs, comme une contraction musculaire.

Le système nerveux central commande et reçoit des informations des autres organes du corps via le système autonome ou végétatif sur lequel nous n’exerçons aucune maîtrise consciente, les battements du cœur par exemple.

  • Les neurones

Les neurones sont les cellules qui permettent la transmission des informations entre le système nerveux central et la périphérie. Ils sont composés d’un corps cellulaire, d’un axone et de prolongements terminaux. Les axones possèdent la propriété d’émettre et de recevoir des signaux électriques (influx nerveux) qui constituent le moyen de communication sensitif et moteur.

Les axones des neurones sont protégés et nourris par une gaine de lipides, la myéline qui agit comme l’isolant autour de fils électriques. La myéline sert également d’accélérateur de l’influx nerveux. La myéline constitue la substance blanche du cerveau.

 

 

  • Les lésions de sclérose en plaques

Les lésions ou « plaques » que l’on observe dans le cerveau ou la moelle épinière des patients en Imagerie par résonance magnétique (IRM) se caractérisent par quatre composantes :

  • Une inflammation : L’inflammation est une réaction de défense du corps à une agression extérieure médiée par les cellules immunitaires.
    Dans la sclérose en plaques, la réaction immunitaire est dirigée contre le corps lui-même, on parle de maladie auto-immune. Les cellules immunitaires attaquent un composant du SNC : la myéline

 

  • Une démyélinisation :
    Observation en microscopie d’une lésion de sclérose en plaques. Les neurones (corps cellulaire et axone) sont marqués en vert, la myéline est marquée en rouge.
    On observe la disparition de la gaine protectrice sur certains segments d’axones.

 

  • Une dégénérescence neuronale :
    Privés de leur gaine protectrice, les neurones dégénèrent et meurent.
    Sur cette observation en microscopie, la myéline marquée en rouge a totalement disparu. Les axones se sont rétracté et les corps cellulaires commencent à mourir.
    On parle de neuropathie.

 

  • Une réparation de la myéline :
    Dans certaines lésions, on observe un phénomène spontané de réparation de la myéline qui, s’il intervient à un stade précoce après la formation de la lésion, empêche la mort des neurones et l’installation d’un handicap.
    Ce phénomène n’est pas rare, mais on observe une grande hétérogénéité entre les patients concernant cette capacité intrinsèque à réparer les lésions provoquées par la maladie.L’influx nerveux disparaît dans les régions cérébrales touchées. L’information ne circule plus, les symptômes apparaissent.

 

 

Les mécanismes moléculaires et cellulaires de la sclérose en plaques par le Pr Bruno STANKOFF, Neurologue et Chef d’équipe à l’Institut du Cerveau – ICM (AP-HP/Sorbonne Université)

 

A L’Institut du Cerveau – ICM

 

  • Une étude conduite par Beatriz Garcia-Diaz et Anne Baron Van Evercooren (DRE INSERM) à l’Institut du Cerveau – ICM Dans l’équipe de Brahim NAIT-OUMESMAR et Violetta ZUJOVIC vient de mettre en évidence le mécanisme permettant la migration des cellules de Schwann, cellules qui réparent la gaine de myéline des neurones périphériques, dans la moelle épinière. Pour en savoir plus.

 

 

  • Une étude collaborative entre les 2 équipes menée par Céline LOUAPRE et Violetta ZUJOVIC a pour but de développer un outil d’évaluation précoce de la progression du handicap afin de proposer un traitement personnalisé et efficace aux patients en début de maladie.

 

Le diagnostic et les symptômes :

Le diagnostic de la sclérose en plaques repose sur l’observation par examen clinique ou IRM de 2 lésions ou symptômes disséminés dans le temps et dans l’espace.

En effet, la maladie évolue dans les premières années, dans 80% des cas par poussées inflammatoires transitoires, d’une à quelques semaines, et dont les symptômes disparaissent sans handicap résiduel.

Les symptômes inauguraux, les troubles visuels ou les troubles sensitifs ne sont pas spécifiques de la maladie car ils peuvent survenir chez n’importe qui. Néanmoins, si ces symptômes durent plusieurs jours et que d’autres épisodes se sont produits (dissémination dans le temps), il est préférable de consulter.

Dans certains cas, les symptômes inauguraux peuvent être différents entre deux épisodes. Par exemple, des troubles de sensibilité d’un membre inférieur puis quelques semaines plus tard, des troubles visuels (dissémination dans l’espace).

 

En IRM, le diagnostic de sclérose en plaques est posé lorsqu’on observe deux lésions à quelques mois d’intervalle et à deux endroits différents du cerveau ou de la moelle épinière.

La dissémination des lésions dans le temps et dans différentes régions cérébrales et médullaires explique la grande hétérogénéité des symptômes chez un même patient selon les phases de la maladie mais aussi entre patients.

En effet, l’organisation du système nerveux vue précédemment et le caractère aléatoire du lieu de développement des lésions peuvent entrainer des symptômes moteurs, sensitifs ou viscéraux en fonction de la localisation de l’atteinte neuronale.

Les symptômes plus connus de la maladie par tout un chacun, sont les symptômes dus à une atteinte des neurones moteurs. Les difficultés à marcher, à bouger un membre inférieur ou supérieur, sont autant de signes extérieurs visibles par l’entourage.

Mais certains symptômes, bien que très handicapant pour la personne atteinte dans sa vie quotidienne, ne sont pas perceptibles et donc moins bien compris et acceptés par les proches des patients. Ces symptômes invisibles sont en général les conséquences d’une atteinte des neurones sensitifs, du système nerveux autonome ou de régions cérébrales impliquées dans les mécanismes d’attention, de concentration ou de mémoire.

Les symptômes de la sclérose en plaques par le Dr Benedetta BODINI, Neurologue et chercheuse à l’Institut du Cerveau – ICM (AP-HP/Sorbonne Université)

 

Les traitements :

« La prise en charge de la maladie a énormément progressé ces 15 dernières années avec l’apparition de traitements qui modifient l’évolution de la maladie et diminuent la fréquence des poussées. Nous avons à notre disposition une dizaine de molécules thérapeutiques. En revanche, il n’y a pas encore de traitements qui arrêtent la maladie. Nous pouvons également traiter les symptômes avec des médicaments que l’on utilise pour d’autres pathologies neurologiques, par exemple la raideur des membres inférieurs, les troubles urinaires. Il est important de privilégier une prise en charge multidisciplinaire pour les patients avec des handicaps irréversibles. »

Pr Catherine LUBETZKI, Responsable du département de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau – ICM.

 

 

A L’Institut du Cerveau – ICM

 

  • Après une étude preuve de concept chez 30 patients en 2016, Ad Scientiam vient de finaliser une vaste étude multicentrique visant à comparer les scores mesurés par le MSFC, test clinique réalisé en consultation par une neurologue, à ceux calculés par les algorithmes de MSCopilot®.
    Coordonnée par le Dr Elisabeth MAILLART et réalisée dans 11 centres experts SEP, cette étude a recruté 146 patients et 76 volontaires sains, qui ont successivement passé les tests standards sur papier puis les tests digitaux sur smartphone. En présence du Pr Catherine LUBETZKI, neurologue et cheffe d’équipe à l’Institut du Cerveau – ICM et du Dr Elisabeth MAILLART, Ad Scientiam a confirmé qu’avec seulement 4 tests, le score MSCopilot® rassemble infiniment plus de variables que les tests standard, ce qui enrichit les données fournies au clinicien. MSCopilot® est aujourd’hui un dispositif médical logiciel de classe I, marqué CE, dédié au suivi des patients atteints de sclérose en plaques.

 

  • Sur le plan thérapeutique:  les 1ers résultats du projet OROTARIO coordonné par le Dr Caroline PAPEIX, clinicien-chercheur à l’Institut du Cerveau – ICM sur l’effet de l’Ocrelizumab (OCREVUS, nom commercial) ont montré un effet modeste dans les formes progressives d’emblée (forme observée chez Environ 15% des malades) chez des patients en début de maladie. La molécule a obtenu une autorisation européenne mais pas de remboursement en France.